"Un avion sans elle", de Michel Bussi

Publié le par Paco

Un avion sans elle
Michel Bussi

Presse de la Cité / 2012
573 pages

Michel Bussi, dont je découvre un premier roman ici, réalise une chose que j'apprécie plutôt bien: une belle maîtrise du facteur temps. J'en reparlerai après, mais je dois déjà reconnaître que c'est un bel exercice de style de narrer une intrigue longue de dix-huit ans tout en nous heurtant, en nous plaçant dans des starting-blocks pour une course plutôt effrénée.

L'auteur accélère et décélère constamment, tout en gardant une ligne claire: augmenter la tension en pressant le lecteur. Jusqu'au bout? Aïe... Pas pour moi.

Une quête d'identité, un lien maudît entre deux familles, un enfant qui n'a plus de nom. Voilà ce que nous propose l'auteur dans ce roman. Une perte d'identité dans des circonstances bien tragiques.

Je vous explique un peu la trame de cette histoire, sans trop en dire - comme d'habitude! -, puis je reviens sur deux ou trois choses.

Nous sommes en décembre 1980. Un Airbus reliant Istanbul à Paris se crash contre une montagne, - le Mont Terrible -, dans le Jura. Un bébé de quelques mois jouera un rôle crucial: il sera le seul être vivant dans les décombres.

En ce qui nous concerne, lecteurs, nous prenons un "autre appareil", d'un autre type, qui va nous propulser 18 ans plus tard. Que l'on se comprenne bien, c'est juste une image pour vous expliquer que nous faisons un bond dans le temps; je préfère le préciser! 18 ans plus tard, une pénible énigme familiale restera encore irrésolue.

Ceci nous amène alors vers deux familles et un détective privé. La famille Vitral, modeste, humble, ayant reçu de nombreuses tuiles sur la tête durant sa vie, et la famille de Carville, riche, reconnue et puissante.

Ces deux familles, - du moins ce qui l'en reste -, respectivement les grands-parents,  réclameront le bébé survivant du crash en prétendant, en toute bonne foi, qu'il est de leur famille. Nous observerons alors deux familles qui vont exploiter leurs atouts respectifs pour faire pencher la balance. Mais les extrémités de cette foutue balance vont rester constamment dans la même position: à la même hauteur.

Le détective, Crédule Grand-Duc, mandaté par l'une des deux familles, sera la personne désignée pour éclaircir cette pénible situation. Une enquête qui lui prendra tout de même 18 ans.

C'est son enquête, par le biais d'un journal manuscrit, que nous allons suivre année après année, page après page. Une enquête douloureuse, cruelle et assez incroyable. Ce compte-rendu manuscrit, - ce fil rouge - que nous parcourons tout au long de ce roman, nous donnera moult informations. Celles-ci nous permettront de nous forger une opinion et, surtout, nous permettront de tenter de résoudre cette énigme. C'est d'ailleurs l'un des atouts de ce roman. Nous voulons savoir, nous voulons trouver, nous voulons résoudre ce casse-tête familial!

L'auteur a cette capacité de nous fournir des renseignements pertinents au compte-gouttes. Jamais trop, ni trop peu; un sacré bon dosage pour nous garder un bon moment en haleine. Un bon moment mais, pour ma part, pas jusqu'au bout.

Michel Bussi déploie des arguments judicieux et astucieux pour nous relater cette enquête. C'est précis, habile et assez subtile. Le côté émotionnel frôle à tout moment l'aspect technique et scientifique. Cela donne une ambiance lourde, intense et accrocheuse.

On adhère aisément au style. L'histoire-même se déroule sur trois jours, avec une toile de fond s'étalant tout de même sur dix-huit ans. Niveau timing, c'est plutôt bien foutu! L'auteur déroule cette double trame temporelle d'une manière très claire et encore une fois prenante.

Malheureusement, le rythme s'essouffle un peu vers la fin et ne me convient plus tout à fait. Le dénouement n'est pas une vraie claque comme je m'attendais à recevoir, mais tout de même une bonne secousse. Soyons honnêtes, je m'attendais un peu à ce genre de chute, dans les grandes lignes, évidemment, sans les détails.

Michel Bussi nous transmet une sympathique histoire liée à l'identité, que cela soit pour sa perte ou sa recherche, autant pour la personne concernée que pour ses proches.

Bonne lecture.

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P
J'ai lu et adoré "Nymphéas noirs" en premier. Depuis je continue à découvrir cet auteur de talent, mais je ne retrouve plus les émotions que j'ai ressenties en lisant le premier. Celui-ci m'a plu mais sans plus.
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P
Là on est d'accord... merci pour le com.!
S
J'apprécie votre critiques sur "un avion sans elle". Pour une fois, pas d'emballement sur sa qualité. Car son succès indéniable et depuis la publication de bien d'autres, je trouve cet auteur certainement "malin" pour tricoter des intrigues mais en rien un talent d'écrivain. A mon sens c'est de l'ordre du roman de gare , certes très accessible mais dépourvu de style. Il ne rentre pas dans mes attentes biens plus exigeantes avec des "pré-requis" essentiels de qualité. Bien à vous
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R
Que j'aime cet auteur....<br /> Mais j'ai toutefois très nettement préféré "Nymphéas Noirs". Si tu ne l'as pas lu, il faut vite y remédier. C'est pour moi LE meilleur polar que j'ai lu jusqu'à présent.<br /> Amitiés,<br /> Marine
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P
Merci pour l'info! Non, pas lu...<br /> Amitiés, Pascal